Le peintre et graveur liégeois Armand Rassenfosse (1862-1934) a marqué son époque. En collaboration avec Félicien Rops, il développa la technique du vernis mou, rebaptisée « Ropsenfosse », une contribution véritablement innovante à l’art de la gravure.
Rassenfosse compte parmi les plus grands artistes liégeois de son temps. Oeuvrant en étroite collaboration avec l’imprimerie Bénard, il créa un nombre impressionnant d’affiches. Sa commande la plus remarquable fut l’illustration des Fleurs du mal de Charles Baudelaire.. À la fin de sa carrière, le graveur se tourna également vers la peinture. La femme dans son intimité était son sujet favori, mais il se plaisait aussi à dépeindre divers aspects de sa vie sociale.
C’est un autre liégeois célèbre, son ami l’architecte Paul Jaspar (1859-1945), qui érigea, en 1899, sa maison-atelier située au 366 de la rue Saint-Gilles à Liège:. L’atelier et la partie habitation constituent deux éléments distincts. Rassenfosse y vécut avec sa famille et y travailla pendant trente-cinq ans. Pour son mobilier, le peintre-graveur fit appel à un autre ami, Gustave Serrurier-Bovy (1858-1910) qui conçut quelques meubles tout spécialement pour lui.
Aujourd’hui encore, on peut s’imaginer combien la maison était un lieu animé, où le tout Liège artistique se retrouva pour échanger des idées. La combinaison d’éléments d’architecture mosane traditionnelle et d’éléments modernes caractérise l’édifice. Il s’agit du témoignage le plus ancien et le plus convaincant du régionalisme liégeois, qui connut son heure de gloire lors de la reconstruction au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Claire de Rassenfosse, petite-fille de l’artiste, a légué la maison-atelier et son contenu à la Fondation Roi Baudouin. L’ensemble est classé depuis le 20 février 2009. Une centaine d’œuvres – peintures, dessins, gravures, affiches, etc. –, parmi lesquelles plusieurs pièces emblématiques, font également partie de ce qui nous a été légué.