Le Verre d'eau

Le Verre d'eau est une œuvre de l’artiste belge Jane Graverol. Le style de cette artiste conjugue à la fois l'onirisme et l'érotisme, le Surréalisme et le Pop Art. Dans ses œuvres ultérieures l’artiste expérimente avec des collages qui confèrent à ses créations un aspect plus politique. Le Verre d'eau fait partie d'une série de collages d’inspiration pop des années 60. Graverol se montre ici sensible aux bouleversements de son époque comme la conquête spatiale.

Collage d’inspiration Pop

Teintée de surréalisme, l’œuvre de Jane Graverol évolue dans les années 60-70 pour devenir une œuvre de son temps. Le Verre d’eau fait partie d’une série de collages d’inspiration pop des années 60. L’artiste se montre ici sensible aux bouleversements de son époque : conquête spatiale, guerre du Vietnam, etc. Ces œuvres prouvent que l’art de Graverol, loin de se résumer à un ‘versant féminin du surréalisme’, a su évoluer avec son temps et questionner l’actualité.

Imagerie surréaliste

Du Surréalisme, l’artiste reprend la silhouette, peut-être en forme de verre d’eau, de la femme ailée à corps de poisson, parsemée de nuages blancs sur fond de ciel bleu, chers à René Magritte ainsi que l’utilisation de l’écriture qui ici, en plus de transcrire une poésie, réaffirme la planéité et la matérialité de la surface de l’œuvre : le collage et l’écriture sont des éléments hétérogènes et surréalistes abolissant l’illusion suggérée par la représentation. Le mot ‘lyre’ écrit par Graverol est un écho non dissimulé au titre de l’article ‘La Lyre à double tranchant’ d’André Souris (théoricien et compositeur proche de Nougé et Magritte) et publié dans la revue ‘Les Lèvres Nues’ en 1954.

L’actualité en question

Les images découpées de l’astronaute et de la voie lactée, des produits ménagers, la vue aérienne de la ville et l’image du plan industriel, support même de l’œuvre, sont par contre typiques d’une volonté de réinsertion d’images d’actualité factuelle et d’une société en plein bouleversement, caractéristiques d’œuvres Pop Art tels que les collages de l’artiste américain Robert Rauschenberg. L’œuvre devient alors le reflet du monde réel et non plus d’une expression de soi. Jane Graverol affirme cependant son geste et un symbolisme personnel notamment par la silhouette du cerbère, animal mythologique à trois têtes, gardien des enfers, et semblant nous avertir d’un danger imminent.

Artiste femme

A l’instar d’autres artistes femmes, Jane Graverol a aussi très vite développé des stratégies pour se faire une place comme artiste (notamment en exposant sous le nom de Jean Graverol à ses débuts). Sa constante mise en valeur de la subjectivité féminine l’installe également comme une figure inspirante pour d’autres artistes femmes, notamment Evelyne Axell (Namur 1937- Zwijnaerde, 1972), artiste pop formée par Magritte dont le travail des débuts a été formellement rapproché à celui de son ainée.

Jane Graverol

Fille du peintre symboliste Alexandre Graverol, Jane est née à Ixelles en 1905. Elle étudia aux académies de Bruxelles et d’Etterbeek auprès de peintres célèbres comme Constant Montald et Jean Delville. Elle expose dès 1927. L’année 1949 est témoin d’une rencontre décisive avec René Magritte qui l’introduit notamment dans les cercles des poètes surréalistes Marcel Lecomte, Paul Nougé et Louis Scutenaire. Avec Marcel Mariën, dont elle partagea la vie pendant une dizaine d’années, elle crée en 1954 la revue ‘Les Lèvres Nues’. La même année, elle est remarquée lors de la Biennale de Venise à l’occasion de l’exposition ‘Le Fantastique dans l’Art belge de Bosch à Magritte’. Proche d’André Breton et de Marcel Duchamp rencontrés à New York dans les années 60, Graverol expose à Bruxelles dans des galeries majeures. Sa personnalité artistique s’exprime en peinture et au pastel tandis que son style conjugue l’onirisme et l’érotisme, le Surréalisme et le Pop Art. Graverol est également connue pour ses collages et sa proximité avec le courant Fantasmagie.

Exposée au Delta à Namur

‘Le Verre d’Eau’ de Jane Graverol a été présenté au Delta lors de l’exposition consacrée à l’artiste namuroise Evelyne Axell : ‘Pop Art & Féminisme’. Le Fonds Pierre-François Tilmon, géré par la Fondation Roi Baudouin, ayant pour objectif l’acquisition, la conservation ou la restauration du patrimoine culturel mobilier des musées de Namur, en a ensuite fait l’acquisition afin de le mettre en dépôt dans cet espace culturel.