Un impressionnant et remarquable ensemble de sanzas étoffe la collection de la Fondation Roi Baudouin, grâce au Fonds Marie-Jeanne Dauchy.
La passion d’une vie de collectionneurs
Ce sont quelques 600 sanzas qui ont été patiemment rassemblés pendant plus de 50 ans par un couple de collectionneurs belges exigeants, Monsieur et Madame Boulanger-Bouhière. Conduits par une passion commune pour les instruments de musiques africains et pour cet instrument particulier, ces collectionneurs ont écumé les galeries, les salons d’art et les antiquaires d’Afrique et d’ailleurs, en quête de pièces de qualité muséale. Ils ont vécu avec leur inestimable collection couvrant leurs murs et étagères, l’étoffant avec rigueur année après année, la documentant d’un inventaire soigné et méticuleux. Maintes fois, l’intérêt qualitatif de l’ensemble rassemblé l’amena à être exposé dans des musées nationaux et internationaux.
Un instrument de musique identitaire et évocateur
La sanza est un instrument de musique idiophone, traditionnel et typique de la région africaine subsaharienne. Ces lamellophones sont composés systématiquement d’un support en bois, comportant parfois un résonateur, et muni de chevalets sur lesquels sont fixées des lamelles de métal ou de bambou de tailles différentes, auxquelles s’allient parfois d’autres éléments vibratoires, en métal voire en verre, en pierre ou en coquillage. L’instrument se joue à l’aide des doigts des deux mains. Les sons et mélodies jouées par la sanza sont directement et symboliquement associés à cette région du globe. Au-delà de sa fonction récréative et musicale destinée à accompagner des danses ou les discours des ancêtres, la mélodie de la sanza était quelquefois indispensable dans un contexte rituel et pour l’appel de la pluie.
Un répertoire stylistique extraordinaire et exhaustif
L’intérêt primordial de ces quelques centaines de sanzas, dont certaines ont plus de 1000 ans, est avant tout d’être le révélateur d’une richesse historique, artistique et stylistique typique d’une région géographique. D’une apparente simplicité, l’instrument est à chaque fois le support de l’incroyable créativité de l’artisan qui s’est appliqué à l’exécution des différentes ornementations gravées et sculptées, supports d’une immense symbolique où chaque motif a ses significations et référents. La collection ici conservée est un catalogue unique au monde, d’intérêt patrimonial et témoin de la diversité typologique de ces instruments de musique évocateurs, aujourd’hui absents de la vie musicale et quotidienne africaine depuis la fin des années 60.
Deux musées pour la pérennisation d’une collection à la réputation internationale
Les collectionneurs ont avalisé avec enthousiasme la proposition et la décision commune du MIM de Bruxelles et du Musée de la Musique de Paris de se partager et d’exposer conjointement leur formidable et rare collection. Ainsi, 300 sanzas, référencées et choisies, ont été acquises et confiées par la Fondation Roi Baudouin, via le Fonds Marie-Jeanne Dauchy, aux collections du MIM. L’autre partie de la collection a été acquise en fonds propres par le Musée de la Musique de Paris.