Silence

La Fondation Roi Baudouin a reçu en 2013 les planches originales de la bande-dessinée Silence, le plus grand succès du dessinateur belge Didier Comès.

Le récit est d’abord paru en février 1979 dans le mensuel (A suivre). Publié par Casterman entre 1978 et 1997, ce magazine destiné à un public d’adultes a pour vocation de faire connaître et de développer la bande dessinée dite « d’auteur ». En 1980, le récit est publié sous forme d’album aux éditions Casterman. La même année, il est mis à l’honneur par le Grand Prix Saint-Michel. En 1981, il est récompensé par l’ « Alfred du meilleur album » au Festival international de la bande-dessinée d’Angoulême.

Le magazine (A suivre) donne à Didier Comès l’occasion de dessiner en toute liberté, sans contraintes liées à une publication jeunesse, et ouvre alors la voie à un changement stylistique radical. L’artiste adopte dans Silence le noir et blanc. Il efface ainsi le superflu et utilise la suggestion pour permettre au lecteur de comprendre le récit. Une fenêtre carrée et profonde sur fond noir peut par exemple sous-entendre que l’action a lieu la nuit, que le bâtiment est une ferme ou une construction rurale, isolée dans un paysage désert.

Ce récit initiatique raconte l’histoire de Silence, un jeune homme muet et simple d’esprit, exploité par un propriétaire terrien sans scrupule du village de Beausonge. Naturellement bon, Silence ignore la haine et les rapports de force de la société. Il rencontre une sorcière aveugle, retranchée loin des villageois qui lui apprend les notions de bien ou de mal, tandis que planent les mystères autour de ce petit village des Ardennes.

Didier Comès aborde dans Silence des thématiques adultes. Il y met en scène des marginaux (muets, nains, personnes handicapées, etc.). Ce sont ces ‘exclus’ qui font avancer le récit, ils leur rend ainsi leur dignité et leur normalité. Ils seront le fil rouge de toute son œuvre à partir de Silence. L’usage exclusif du noir et du blanc permet à l’artiste de donner une âme singulière et intense à ses personnages et d’illustrer leurs tourments, blessures, rêves, peurs. Comès situe l’action dans un village d’Ardennes, une référence à ses propres origines.

Le frère et les deux sœurs de Didier Comès ont fait don des planches originales de Silence à la Fondation Roi Baudouin en 2013, afin de préserver son œuvre de la dispersion.