Collectionner: maladie ou passion dévorante ?
Question évoquée fréquemment par le collectionneur lui-même. Qu’en disent les spécialistes ? La Bibliotheca Wittockiana y a consacré une journée de réflexion.
Le collectionneur est caractérisé, selon le psychiatre Henri Codet, par son esprit de propriété, son besoins spontané d’activité, le fait de vouloir se différencier et sa tendance au classement.
La Fondation Roi Baudouin a pu accompagner de nombreux collectionneurs dans le cadre de son action pour la sauvegarde de notre patrimoine. Ils nous racontent invariablement la même histoire : suite à une trouvaille fortuite, le collectionneur est aspiré dans un tourbillon qui n’a d’autre but que de compléter sa collection, encore et encore.
Vient inévitablement le souci de l’avenir de sa collection, qui plus encore que son enfant peut être considéré comme son véritable double. Petit à petit, ce souci se mue en préoccupation, la famille proche ne partageant généralement pas la même passion.
Reste donc 2 solutions : soit la dispersion, éventuellement sous forme d’apothéose telle qu'une remarquable vente aux enchères, pour donner à d’autres collectionneurs le plaisir d’assouvir leur passion, soit la pérennisation en la donnant à une institution.
Lors de la journée d’étude organisée le 15 mars 2019 par la Bibliotheca Wittockiana, plusieurs spécialistes se sont penchés sur la question. Leur conclusion est unanime : collectionner n’est pas une maladie. Loin de là !
Le collectionneur est un consommateur atypique qui dépense avec éclat pour soi et les autres. Il désire plus que la juste mesure, à tel point qu’il rassemble pour le bien public, pour soustraire ses objets de passion du marché, pour empêcher les autres de posséder. Le collectionneur est foncièrement généreux. Les moyens financiers qu’il y consacre ne lui reviennent pas personnellement mais vont à sa collection.
Collection qu’il rassemble pour une bonne cause : éviter la dispersion et la montrer. Dans un cercle restreint d’abord, puis en élargissant de plus en plus. Il est un promeneur inlassable, à l’affût de tout. Sa collection ne sert à rien au sens économique du terme. Mais quel éclat ! Quelle magnificence ! Celle-là même que nos ancêtres de la Renaissance considéraient comme une authentique vertu …