Aiguière en argent de Pierre Paul Rubens

Théodore I de Rasier
1635-1636

De nobles donateurs
En 1999, la Fondation Roi Baudouin est entrée en possession de deux pièces d’argenterie ayant appartenu à Pierre Paul Rubens et restées dans le patrimoine familial de ses descendants pendant près de quatre siècles. C’est grâce à la générosité de deux mécènes, le chevalier Bauchau et son épouse, qui ont acquis ces pièces lors d’une vente aux enchères à Monaco pour en faire don à la Fondation, que ces chefs-d’œuvre font désormais partie de notre patrimoine culturel. Ainsi ces objets ont-ils regagné leur lieu d’origine : la maison de Rubens à Anvers.

Un chef-d’œuvre de l’argenterie anversoise
Cet ensemble monumental se compose d’un grand bassin et d’une aiguière au décor incisé de la main de Théodore I de Rasiers. Disposé sur un dressoir parmi d’autres joyaux, il devait surtout attirer l’attention du visiteur par son iconographie et par le remarquable travail de repoussé et de ciselure. C’est pour cela que ces objets d’art sont considérés comme des chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie anversoise du XVIIe siècle.

Un artiste réputé
Théodore I de Rasiers était issu d’une grande famille d’orfèvres. Sa réputation portait jusqu’à la cour d’Angleterre, plus particulièrement pour ses panneaux ciselés destinés au placage de meubles. A tel point qu’il figura dans l’Iconographie, un recueil de gravures représentant des artistes, des érudits et des hommes d’État célèbres.

Très proche de Rubens
En examinant l’iconographie et le style, il n’est pas impossible que Rubens participa à la réalisation de l’objet d’art. La fontaine représentée sur le bassin est très probablement une copie de celle qui se trouvait dans le jardin même de Rubens. L’artiste avait en outre un intérêt particulier pour les thèmes ornant ces pièces d’argenterie : le triomphe de Vénus (aiguière) et Suzanne et les Vieillards (bassin). Il est cependant peu probable que Rubens dessina lui-même le projet pour cette œuvre impressionnante.

l’aiguière
L’anse de l’aiguière adopte la forme d’un triton tenant un serpent des mers au-dessus de la tête. Zéphyrs, masques, grotesques, satyres, putti, rinceaux, godrons et feuillages ornent les autres parties du récipient. La frise sur la panse présente, aux côtés du dieu Rivière et des tritons, deux tableaux du triomphe de Vénus : sa naissance et son couronnement par les trois Grâces sur une plage de Chypre. Ces thèmes issus de l’Antiquité classique évoquent l’eau contenue dans l’aiguière. Les motifs et le thème de la frise font également référence à l’Antiquité, et sont caractéristiques de la Renaissance.

Le bassin
Sur le bassin est représenté un épisode de l’Ancien Testament : Suzanne tourmentée par les Vieillards. Suzanne et les Vieillards sont dans un jardin où s’élève, à gauche, une fontaine. Le large bord de l’objet illustre les Quatre Éléments, séparés par la chèvre Amathea, un blason frappé d’un monogramme, un triton et une néréide. Dans la tradition antique, Suzanne symbolisait la chasteté et le rachat de l’âme, mais à la Renaissance, l’épisode servait plutôt de prétexte pour dépeindre le nu féminin. L’accent est donc mis sur la tentative des Vieillards de déshabiller Suzanne. La composition de la scène rappelle incontestablement certains dessins de Rubens, qui traita ce thème à maintes reprises. Il est curieux d’observer combien la fontaine occupe une place importante dans la composition.

Site Maison Rubens

Type : 
Aiguière et bassin
Material / technique : 
Argent
Dimensions : 
Bassin : 60 x 45 cm ; aiguière : 37 x 15 cm
Type of acquisition : 
Don de Pierre et Colette Bauchau
Year of acquisition : 
1999
Depository institution : 
Maison Rubens, Anvers