Après trois années de recherche et de restauration, le célèbre retable de Saint Georges (1493) de Jan II Borman illumine à nouveau le Musée Art & Histoire. L’étude interdisciplinaire, financée par le Fonds Jonckheere, a conduit à des découvertes inattendues et a permis d'élucider des mystères séculaires.
Préserver un patrimoine important
Pièce de renommée mondiale, le retable de Saint Georges (1493) de Jan II Borman est une oeuvre emblématique du Musée Art & Histoire de Bruxelles. Le Fonds René et Karin Jonckheere - qui a pour objectif la sauvegarde du patrimoine culturel mobilier et qui soutient la conservation ou restauration d’œuvres d’art témoignant de la dimension européenne de Bruxelles - a financé la recherche et le traitement de conservation nécessaires pour redonner au retable son éclat d'antan.
Des découvertes inattendues et une explication des mystères entourant le retable ont également été mises en lumière. Le retable enluminé de Saint Georges sera à nouveau exposé au Musée Art & Histoire à partir du 24 avril.
Un retable spectaculaire
Le retable de Saint Georges est l'un des plus beaux ensembles sculptés en bois de l'histoire occidentale : un retable spectaculaire mesurant pas moins de 5 mètres de large et 1,60 mètre de haut, avec plus de 80 figures minutieusement détaillées. Il s'agit du chef-d'œuvre de Jan II Borman, le maître incontestable de la dynastie éponyme d'artistes bruxellois, décrit de son vivant comme « le meilleur sculpteur de son temps ». Le maître a signé et daté cette œuvre en 1493.
Les scènes, de style gothique tardif, sont d’une qualité tout à fait exceptionnelle. Elles surprennent le spectateur par leurs personnages réalistes très expressifs et la virtuosité inégalée de la sculpture. En sept scènes, Borman donne vie à l’atroce martyre de saint Georges.
Recherche interdisciplinaire et mystères résolus
Ce chef-d'œuvre de la dynastie des Borman a été examiné en détail et par la suite restauré par l'Institut royal du Patrimoine artistique. Seule œuvre signée par Jan II Borman, dont même une copie du document de commande a été conservée, le retable de Saint Georges est la clé pour comprendre tout son génie créatif.
La recherche menée par des experts en bois a clairement révélé que, contrairement à la tradition, le retable n'a jamais été recouvert de polychromie. Ceci explique la finesse remarquable du travail du bois.
La Grande Guilde des Arbalétriers de Louvain aurait commandé l’œuvre pour sa chapelle afin de s'attirer les faveurs de Maximilien d'Autriche, vainqueur de la révolte des villes brabançonnes et flamandes.
Le mystère autour de l'ordre illogique des scènes a finalement pu être élucidé. Le restaurateur du XIXe siècle avait en effet démonté puis replacé les scènes dans le mauvais ordre. Après presque deux siècles, la restauration actuelle a permis de remettre les scènes à leur place d’origine et de rétablir l’ordre du récit selon la légende du saint et le projet original de Jan II Borman.
Cachettes secrètes
Lors du démontage des éléments en bois et du retable, des fragments de bois détachés ont été découverts ainsi que, cachée sous les scènes, une petite figure en prière sculptée. Borman a probablement caché cet ex-voto en guise de prière ou de remerciement. Le restaurateur du XIXe siècle a également laissé un message sur un morceau de parchemin. Les visiteurs pourront également admirer ces deux trouvailles durant les trois prochaines semaines au musée.
Votre musée ou institution patrimoniale (bruxelloise) envisage également un projet de conservation ou de restauration d'une œuvre d'art témoignant de la dimension européenne de Bruxelles ? Si tel est le cas, jetez un œil à l'appel à projets du Fonds René et Karin Jonckheere, lancé chaque année vers la mi-janvier. Les dossiers de candidature pour l'appel en cours peuvent être soumis jusqu'au 23 septembre 2021.